Avec sa boîte de réception sociale, Facebook sort une arme de plus contre Google. La course à la domination du web est lancée. «Ce nouveau système ne veut pas tuer l’e-mail. Mais si, à long terme, il est délaissé, cela nous va aussi.» Mark Zuckerberg a beau nier vouloir la mort de Gmail, la messagerie de Google, le patron de Facebook franchit un pas de plus dans le duel que se livrent le réseau social et le moteur de recherche.
Dévoilé lors du sommet «Web 2.0» qui se termine mercredi 17 novembre à San Francisco, le projet «Titan» consiste en une messagerie unifiée. Elle permettra aux utilisateurs de réunir conversations SMS, chat, messages et e-mails sur un seul fil. Ceux qui le souhaitent recevront une adresse @facebook.com. Ainsi, le roi des réseaux sociaux pourra compléter encore plus précisément le profil de l’internaute et appâter plus efficacement les annonceurs.
Exploitation des donnéesVoilà qui n’apaise guère le climat qui règne dans la Silicon Valley. Les deux géants américains y bataillent déjà au sujet de l’exploitation des données: Google a bloqué l’exportation des carnets d’adresses vers Facebook. Mais ce dernier a trouvé la parade: les fichiers peuvent être téléchargés sur l’ordinateur puis transférés. La défense de Google? L’entre¬prise aurait payé ses ingénieurs jusqu’à 3,3 millions de francs pour qu’ils refusent de travailler chez le concurrent et aurait augmenté les salaires de ses employés de 10%. Google n’a toutefois pas souhaité nous le confirmer.
Parallèlement, le boss de Google, Eric Schmidt, a présenté lundi son prochain mobile, auquel est intégrée une puce qui en fera un moyen de paiement. Qui dominera le web de demain? Un expert analyse la situation.
Les forces de Google«L’internet du futur sera ¬applicatif: tout sera intégré dans la même plate-forme. Google et Facebook veulent tous deux créer un web dans le web. Le plus gros avantage de Google, c’est son trésor de ¬guerre. Ils ont énormément de cash à investir (ils ont d’ailleurs fait de grosses acquisitions) et sont cotés en Bourse. Ensuite, ce sont eux qui produisent le plus grand nombre de périphériques. Leur système de messagerie Gmail offre aussi plusieurs avantages, comme la synchronisation avec le smart-phone».
Les faiblesses de Google«Si Google lance un produit de type réseau social, il faudra convaincre les utilisateurs Facebook de «déménager» vers le leur. Pourquoi les gens changeraient-ils de comportement? Autre point faible: Google n’a pas sorti de grosses inventions. Enfin, sa réputation est entachée à cause de Street View (n.d.l.r.: le système de balades virtuelles est controversé dans plusieurs pays en raison d’atteintes présumées à la vie privée)».
Les forces d'Apple«La firme a une santé finan¬cière incroyable. C’est sans doute le concurrent le plus dangereux, car il est le plus sournois. Ils ont acquis la confiance des utilisateurs en fournissant des applications et des outils qui sont ce qu’on attend d’eux. Ils sont en train de négocier des accords avec les opérateurs. Ils ont déjà créé un pseudo-réseau social avec Ping et veulent éventuellement aussi créer un web
dissocié pour les clients Apple».
Les faiblesses d'AppleSelon le «Journal du Net», Steve Jobs (photo) doit encore convaincre les annonceurs d’opter pour le système iAd, qui permettra d’intégrer et de diffuser de la pub dans les applications iPhone, iPod Touch et iPad.
Les forces de Facebook«Son grand nombre d’utilisateurs, 500 millions, est bien sûr le point fort de Face¬book. D’autant qu’ils y sont confortablement installés et qu’un déménagement numérique est quelque chose de traumatisant. Partant du principe que l’objectif principal est de placer les utilisateurs dans des zones sous leur contrôle et d’obtenir le plus d’infos possible sur les gens, Facebook a une longueur d'avance».
Les faiblesses de Facebook«Facebook n’est pas encore coté en Bourse, c’est un premier point faible. Deuxièmement, la plate-forme a de la peine à traiter les demandes de ses utilisateurs. Cette mauvaise gestion des relations clients s’ajoute à la problématique de la protection des données personnelles. Je me demande ce que fera l’Union européenne à ce sujet. Quant à leur service mail, ce n’est selon moi pas un cheval de bataille!»
L'essentiel Online/Caroline Goldschmid