Afin d'essayer d'enrayer la hausse des prix du ciment, le gouvernement algérien a récemment mis en place des mesures réglementaires importantes. Ainsi, depuis le 22 juillet dernier, un plafond a été établi pour le prix du ciment, autant pour la vente en gros que pour la vente au détail.
À cause d'une pénurie prolongée, le prix du ciment avait atteint, en juin dernier, les 1 500 dinars algériens (20.90 dollars) le quintal, une tendance qui avait été favorisée par l'absence de réglementations liées à la spéculation sur le prix. Or, la nouvelle réglementation limite les prix à un maximum de 80 dinars algériens (1.11 dollar) le quintal pour la vente en gros et à 150 dinars algériens (2.09 dollars) pour la vente au détail.
C'est l'expansion rapide du secteur de la construction qui est, en grande partie, à l'origine de la croissance de la demande pour le ciment, actuellement évaluée à 14 millions de tonnes par année. En théorie, étant donné que la capacité de ses 12 producteurs publics de ciment est estimée à 11,6 millions de tonnes et que les producteurs privés peuvent en produire 7 millions supplémentaires, l'Algérie ne devrait avoir aucun problème à satisfaire sa demande intérieure.
Or, en réalité, le secteur de la construction fait face à un déficit important de l'offre, évalué, en 2008, à 3 millions de tonnes, ce qui oblige le pays à recourir aux importations et à échanger aux prix internationaux, ce qui, de surplus, rallonge souvent le temps de livraison.
Si les raisons exactes de cette inadéquation entre les quantités produites et les quantités demandées restent sujettes à de nombreuses discussions, il est généralement admis que le respect du cadre réglementaire permettra de réduire cet écart. Ainsi, le plafonnement du prix de vente est sans aucun doute un pas dans la bonne direction.
De plus, ce plafond n'est que le dernier élément d'une longue liste des mesures visant à améliorer la compétitivité du secteur. En effet, auparavant, le pays avait essayé de réduire la spéculation et de mettre en œuvre des mesures à long terme pour faire face au déficit de production chronique. Ainsi, on a d'abord proposé d'importer 1 million de tonnes de ciment, puis on a lancé l'année dernière un plan d'investissement de 780 millions de dollars dans le but d'augmenter la capacité des producteurs publics de ciment à 17.6 millions de tonnes par année d'ici 2012.
Les premiers résultats de ces mesures sont positifs. En effet, selon la Société de gestion des participations industries du ciment, qui chapeaute les sociétés publiques, la production a augmenté de 6% au cours des cinq premiers mois de cette année, par rapport à la même période l'année précédente.
Ces améliorations arrivent à point, dans la mesure où l'on ne prévoit pas une baisse de la demande de ciment, notamment à cause des programmes publics de construction.
En effet, le plan national de logement est un des projets en cours qui engendre ce besoin croissant en ciment. Depuis son arrivée au pouvoir en 1999, le Président Abdelaziz Bouteflika a fait de la construction de logements une de ses priorités. Ainsi, on a dépensé au total 1.7 billion de dinars algériens (23.75 milliards de dollars) sur des projets de logements au cours des dix dernières années, pendant lesquelles plus de 1,5 million de logements ont été construits.
Malgré ces résultats, la demande de logements est loin d'être satisfaite et le Président Bouteflika, qui vient d'entamer son troisième mandat, s'est engagé à construire un million de logements supplémentaires d'ici 2014.
En plus de construire de nouvelles maisons, le gouvernement prévoit également d'améliorer les conditions de vie dans différentes zones urbaines du pays. Pour ce faire, il a prévu un budget total de 300 milliards de dinars algériens (4.14 milliards de dollars) pour les années 2010 à 2014, afin de rénover et de concevoir à nouveau des zones résidentielles.
La modernisation de la ville de Hassi Messaoud, qui se trouve dans une région riche en pétrole à l'est du pays, est un autre projet des autorités. Le groupe de construction canadien SNC Lavalin a récemment obtenu le contrat pour ce projet d'une valeur de 6 milliards de dinars algériens (83.6 millions de dollars), dont la réalisation devrait durer huit ans.
Le pays connaît également une activité intense dans le secteur de l'infrastructure. En effet, la construction du projet phare du pays, l'autoroute est-ouest, est en cours et devrait être terminée en juillet de l'année prochaine. Cette autoroute à six voies s'étendra sur plus de 1 200 km entre Annaba au nord-est et Tlemcen au nord-ouest, et reliera directement l'Algérie à la Tunisie et au Maroc.
En s'engageant dans des projets de construction à grande échelle, le gouvernement algérien crée des ouvertures au sein du secteur privé à un moment où de nombreux projets à l'étranger n'avancent plus. De plus, en surveillant de plus près la production et la distribution de ciment, les autorités soutiennent l'équilibre entre l'offre et la demande. Maintenant que des réglementations sont mises en place, il revient au secteur privé de se prendre également en main.
Oxford Business Group
4 September 2009