3azaba-du-16 Modérateur
Nombre de messages : 449 Age : 37 Localisation : Alger la blanche 16i Domaine d'étude : Machine électrique Date d'inscription : 22/12/2008
| Sujet: Nost'Alger Ven 23 Oct 2009, 16:45 | |
| Que sont-ils devenus tous mes vieux souvenirs De cette ville blanche où dorment nos martyrs ? Où sont-ils donc passés tous mes amis d'antan Qui hantent tous mes rêves depuis plus de trente ans ? J'ai voulu oublier, avoir une nouvelle vie Mais malgré tout ce temps, le passé resurgit ! Je sens les capucines qui recouvraient la terre, Les arômes du jardin que cultivait ma mère, Tous ces doigts de sorcière que nous cassions en deux Pour écrire sur la pierre la règle de nos jeux Quand nous nous déguisions en tenue léopard Pour faire comme les paras qui gardaient nos remparts. Les maisons étaient blanches avec des toits terrasses Où les filles rêvaient d'embrasser les bidasses, Leurs murs étaient couverts par des bougainvilliers, Elles regardaient la mer du haut de leurs piliers Et gardaient leur fraîcheur à l'abri des volets. C'est là que je suis né, sur les hauteurs d'Alger. Sous les pins parasols, dans le bois de Boulogne, Tapis dans les bosquets, nous faisions les guignols, Sur la place d'Hydra, face au commissariat, En patins à roulettes, jouions les fiers à bras, Et au fond du ravin de la femme sauvage Explorions les galeries, sans armes ni bagages. C'était avant les bombes et les assassinats, Mahmoud, Farid, Youssef et aussi Mustapha Etaient les compagnons de toutes nos cabrioles Et montaient avec nous sur les mêmes carrioles, Faites de vieilles planches et de roulements à billes, Pour descendre les rues et épater les filles. Sous les eucalyptus, nous tirions au taouel Des oiseaux qui n'avaient rien mérité de tel. Le dimanche, nous allions à la plage du Chenoua Où sur le sable fin dont rêvent toujours les rois Nous faisions des châteaux entourés de fossés Que l'eau venait baigner, tendrement enlacer. A l'ombre d'une toile tendue sur des piquets, La famille assemblée aimait pique-niquer Et avec les voisins partager l'anisette, De tous les plats pieds-noirs échanger les recettes. Nous dégustions des prunes, abricots et raisins Dont depuis je recherche partout le goût en vain. Les voici qui remontent tous les vieux souvenirs De cette ville blanche, qui vit tant de sourires, Et où tous mes amis n'étaient que des enfants Qui hantent tous mes rêves depuis plus de trente ans. Impossible d'oublier, d'effacer toutes ces vies Car quel que soit le temps, le bonheur resurgit. C'est au Clos Salembier que j'appris à nager Piscine de la Croix Rouge, sur les hauteurs d'Alger. Dans le petit bassin plongeait un toboggan Qui faisait le bonheur des petits et des grands, Autour du grand bassin, s'élevaient des gradins, Avec la majesté d'un théâtre romain, Surmontés d'une pelouse où nous nous étalions Pour compter les capsules que nous collectionnions. Je me souviens aussi du club de Badjarah, Des longues parties de boules chez les cousins de Rouiba, De la grande paella des plages d'Aïn-taya Des premiers pas en ski sur les pentes de Chréa Du goût rare des brochettes mangées à Fort de l'eau Et du jardin d'Essai où j'allais au zoo. C'était avant les bombes et tous les attentats Quand nous pouvions encore, merci à Zoubida Manger le bon couscous et les tendres gâteaux Qu'elle avait préparés penchée sur nos fourneaux. On trouvait nos bonbons échoppe du Mozabit Où les tiges de réglisse étaient bien trop petites, Mais dans les coquillages emplis de caramel Nous pouvions découvrir le goût de l'éternel. A l'heure du casse-croûte, on mangeait des cocas Et après le lycée, j'achetais des zélabias Dont je me régalais en attendant le bus Pourléchant tous mes doigts pour en déguster plus. Impossible de lutter contre ces souvenirs, Ils sont beaucoup trop beaux pour se laisser mourir, Et même s'il me faut passer encore trente ans Loin de cette ville blanche où je fus un enfant, Avant de disparaître ou d'être trop âgé, J'aimerais y retourner, sur les hauteurs d'Alger. Jacques Verpeaux | |
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